Interface oral/écrit et bilittératie

Coordinatrices : Cecilia Gunnarsson et Clara Solier

 

Le but est d’investiguer et mieux comprendre les processus impliqués dans la formulation verbale en L2 et leur développement au cours de l’apprentissage chez des apprenants de tous types (typiques/atypiques ; guidés/non-guidés ; de niveau et âges différents). Pour ce faire, il semble pertinent de se référer au modèle de la production verbale de Levelt (1989). Ce modèle connaît aussi plusieurs adaptations à l’écrit (Gunnarsson-Largy et al., 2019 ; Largy, 2002, Van Wijk, 1999) et rend compte des différents encodages impliqués dans le processus de formulation, où le message préverbal trouve sa forme linguistique. Cette forme linguistique est composée d’une structure grammaticale abstraite (formes) et d’éléments sémantiques (lemmes) récupérés dans le lexique mental, et associés en une structure fonctionnelle de surface qui dans un deuxième temps trouve sa forme phonologique et/ou graphémique, langage interne (voix et/ou vision), avant d’être prononcé à voix haute ou transcrit. C’est aussi pendant le processus de la formulation que l’interface oral/écrit joue un rôle important.

A première vue, on pourrait s’imaginer que cette interface est unidirectionnelle et ne concerne que la production écrite où que le processus du formulateur aboutit dans une voix interne (suite phonologique), qui doit par la suite être encodée selon le système d’écriture en question, alphabétique, syllabique ou morphosyllabique (The universal phonological principle, Perfetti, Zhang & Berent, 1992). Selon le système d’écriture, le lien entre le système phonologique et le système graphémique diffère d’une langue à une autre et peut être plus ou moins direct. La recherche a néanmoins montré qu’au moins en L2, la forme écrite et les règles de prononciation des graphèmes en L1 ont un impact sur la prononciation de certains graphèmes en L2 (e.g., Bassetti, 2017, 2021, 2023 ; Bassetti et al., 2015 ; Bassetti & Atkinson, 2015 ; Mairano et al., 2018 ; Mouquet & Mariano, 2023, Santiago & Mairano, 2021), même quand la L1 a un système d’écriture non-alphabétique (Sokolović-Perović et al., 2020). Il semble donc que l’interface oral/écrit est bi-directionnel.

Pour le moment cette interface a surtout été explorée pour mesurer l’impact direct de la phonologie sur l’orthographe ou l’orthographe sur la prononciation. Si l’on se réfère au modèle de Levelt, d’autres facteurs, sémantiques et morphologiques par exemple sont également à prendre en considération.

Les questions posées sont :

Quelle est l’influence respective de l’oral et de l’écrit dans le processus de formulation ? Quel est le processus de la récupération des lemmes et des formes dans le lexique mental ?  

Approches :

  • le rôle de la sémantique, la morphologie

  • le rôle de la forme écrite dans la perception et la production de l’oral

  • le rôle de la forme phonologique dans la perception et la production de l’écrit

  • l’activation des formes phonologiques/orthographiques

  • impact système d’écriture/profondeur orthographique

  • impact MdT

Populations : voir ci-dessous (Bilittératie)

Variables : voir ci-dessous (Bilittératie)

Bilittératie

Le multilinguisme devenant la norme dans le monde, la question de la bi (multi ?) littéracie suscite de plus en plus d'intérêt.

Alors que les influences translinguistiques ont été largement étudiées pour la langue orale, la question de l’apprentissage d’un nouveau système d’écriture ou celle de la gestion de plusieurs systèmes d’écriture est moins abordée dans la littérature.

Depuis quelques années, ce sont les effets orthographiques qui ont majoritairement été étudiés, sur la perception, la production, l’apprentissage et la conscience phonologique, au niveau lexical ou phonologique.

Alors que la majorité des apprenants L2 en contexte institutionnel sont exposés à des inputs oraux et écrits dès le début de l’apprentissage, l’input écrit étant souvent beaucoup plus présent que l’input oral, il est étonnant de voir que cette question de la prédominance de l’écrit n’a pas été abordée dans la littérature. De plus, alors que le versant oral est très étudié, le versant écrit ne l’est pas. Il existe peu de modèles pour la production écrite en L2 et aucun modèle de production écrite de mots isolés par exemple.

Plusieurs approches pour un même but :

  • Biliteracie en développement :

    • Tous types d’apprenants Ln (L2, L3, sourds, atypiques, littératies ou non)

  • Billiteracie déjà présente :

    • Utilisateurs Ln tous types (voir ci-dessus)

    • Bilingues (all the spectrum)

Variables à prendre en considération :

- Systèmes d’écriture L1 et langue non native (type and transparence/opacité)

- Tâches (différents niveaux : phonèmes, mots, texte…)
 

Conclusion

Il est donc essentiel d'étudier les processus d'écriture en L2, le développement des connaissances linguistiques impliquées dans ces processus (orthographiques et phonologiques), ainsi que le rôle des systèmes d'écriture dans leur appropriation afin de mieux comprendre la cognition langagière multilingue. Cela permettrait d'alimenter les modèles de production écrite en L2/Ln, de considérer les liens entre orthographe et phonologie et la nécessité de modéliser ces liens au niveau théorique.

Ce travail serait d'un intérêt direct pour le domaine clinique, par exemple l'orthophonie, dans le diagnostic et la gestion des troubles du langage écrit chez les personnes ayant des systèmes linguistiques multiples. Il aurait également un fort impact sur l'éducation et les politiques sociales.

 

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